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Retour sur les présidentielles : le regard de la presse étrangère sur la campagne

Cette année, les élections présidentielles ont été particulières : en effet, elles se sont déroulées dans un contexte international très tendu et exceptionnel, deux mois après le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Elles sont intervenues également à l'issue d’un quinquennat agité socialement, avec le mouvement des gilets jaunes d’un côté de la barricade, et sa répression policière de l’autre. Et sur le plan politique, on a vu la couleur des débats virer au brun.

Il est intéressant de voir comment certains de nos sauveurs-suprêmes-candidats ont étés perçus dans les médias à l’étranger.

Eric Zemmour

 La fulgurante montée de l'incarnation humaine de l'islamophobie...et sa chute

Le polémiste d'extrême droite est souvent décrit de manière assez négative par les médias étrangers, El Pais, journal espagnol comme The Time, journal anglais, ainsi que beaucoup d’autres, s’accordent à le qualifier de “Trump français”, en s’appuyant sur le fait que les deux usent de la stratégie du “plus c’est gros mieux ça passe”, de la “météorite” selon The New York Time, en jetant sur l’espace public des phrases souvent islamophobes, qui entrent dans une logique de combat contre, selon lui, la prolifération des “judéo-bolcheviks” (en 2022, il appelle ça les “islamo-gauchistes”) et la destruction de la société française...

On soupçonne aussi à l'international Eric Zemmour d’avoir été "à l’insu de son plein gré" dopé à la surexposition médiatique grâce à son sponsor, Vincent Bolloré, patron entre autres de CNews. C’est du moins ce qu’explique la Süddeutsche Zeitung, quotidien allemand.

Après coup, la “météorite”, présentée pourtant comme une menace dans les sondages, a fini en miettes, avec 7 %, soit 4ème au premier tour. Un score effectivement “maigre”, comme le dit The Times.

Marine Le Pen

Pas encore au pouvoir, malgré sa popularité croissante

Bien qu’elle n’ait étrangement pas eu le soutien affiché de Vladimir Poutine cette année, Marine Le Pen a tout de même réussi à trouver consolation en recevant celui de Viktor Orban, président Hongrois. En effet, il se trouve que, comme l’ont souligné Le Monde et Libé notamment, la leadeuse d’extrême droite a su, grâce à sa présence politique en progression, plaire et se faire des amis dans différents gouvernements, particulièrement en Europe. Ainsi, on la retrouve proche aussi de Morawiecki, premier ministre polonais, et de Salvini en Italie. L’accession au pouvoir de ces différents dirigeants, ainsi que le score du RN, s’inscrivent dans la montée du populisme d’extrême-droite dans l’occident, surtout depuis l’élection de Donald Trump en 2016.

On constate de l’inquiétude chez certains vis-à-vis du score élevé de Marine Le Pen cette année : on a émis l’hypothèse d’une France à l’image raciste, dans le cas de son accession au pouvoir. En Angleterre on s'est demandé si, une fois élue, la cheffe eurosceptique aurait précipité un frexit ou du moins un écartement des institutions européennes.

Malgré un début difficile cette année, écrit El Confidencial (site espagnol) avec “une campagne de dédiabolisation qui est allée trop loin” et la fuite de certains de ses militants vers le parti Reconquête de Zemmour (puisque d’un racisme plus assumé qu’au RN), Marine Le Pen aura surpris en accédant tout de même au second tour et en ayant quand même fait un score historique de 42 %.

Valérie Pécresse et Anne Hidalgo

Le flop vu de l'étranger

Un autre fait intéressant de la campagne, passé un peu plus inaperçu à l'étranger, est l’énorme affaissement des deux partis traditionnellement au pouvoir depuis le début de la cinquième République : les républicains et le Parti Socialiste. Ils ont fait respectivement 4,78 % et 1,74 % au premier tour. Deux organisations qui “jouent leur survie” selon le média espagnol Publico, pendant la campagne. Un constat qu’a aussi fait El Pais, qui remarque que la candidate “socialiste”, historiquement proche de la gauche modérée espagnole, a fait un score particulièrement bas. Le score de Valérie Pécresse a aussi beaucoup déçu en Espagne, chez les conservateurs catholiques du quotidien La Razon.

Emmanuel Macron

Sauveur pour les uns, partisan de l'immobilisme et de l'hypocrisie pour les autres

La réélection de "L'Emmerdeur" (surnom dont il a hérité suite à ses déclarations dans le Parisien au sujet des non-vaccinés) a suscité beaucoup de réactions de joie à l’étranger, car elle a “empêché” l’accession au pouvoir de l'extrême droite, et permet la reconduction d’un quinquennat marqué par l'ouverture sur l’Union Européenne. Le journal La Libre Belgique “respire”, Courrier International nous indique que  La Folha De São Paulo décrit la France comme ayant dressé un barrage contre l’extrême droite qui “tient toujours”, à l’opposé du Brésil, où se trouve la rédaction de la Fohla. Il reste cependant des difficultés à surmonter,  comme “inventer une nouvelle manière de faire de la politique, moins arrogante” nous dit le quotidien espagnol El Mundo, soulignant sans doute un des plus grands défis pour le président.

  Marlies, étudiante autrichienne qui était scolarisée au lycée l'an dernier, nous explique que les gens dans son pays trouvent Le Pen “horrible”, et que Macron serait "un peu mieux". Pourtant celle-ci nuance en expliquant à quel point la cohérence idéologique du président reste bancale, par exemple lorsqu’il “assume d’être un libéral” d’un côté et que de l'autre, il "vole" le slogan du NPA (nouveau parti anticapitaliste avec le candidat Philippe Poutou) en hurlant à son meeting “nos vies valent plus que leurs profits” (phrase prononcée par Olivier Besancenot, ancien candidat du NPA).

Pour The Atlantic, c’est un “grand homme”, des mots doux qui s’estompent au fur et à mesure que l’on sort de la bulle bourgeoise qui entoure le monde des pays développés. En effet, pour Aujourd'hui Au Faso, quotidien burkinabais, le Sahel “n’a pas à attendre un chamboulement ou grand-chose, dans la trajectoire de la gestion sécuritaire sous Jupiter 2”.

Jean Luc Mélenchon

Une figure de la social-démocratie qui séduit

Assez mal perçu par la classe dirigeante en Europe puisque social-chauvin, donc en opposition avec les valeurs de l’Union Européenne telle qu’elle est aujourd’hui, le tribun trouve tout de même des soutiens à l’international, au sein de partis comme Podemos en Espagne, mais aussi de la part de Lopez Obrador, président du Mexique, proche de lui dans ses idées et son parcours. "La tortue" a réussi au yeux de la gauche internationale à supplanter le parti socialiste en adoptant des idées progressistes, comme le recul de l'âge de la retraite à 60 ans et des propositions écologistes à propos des pesticides ou de la limitation des vols aériens.

L’élection française, bien qu’elle ait été un peu mise de côté dans le monde à cause sans doute de la guerre en Ukraine, a tout de même su faire parler d’elle en dehors de l'hexagone. On trouve cependant  difficilement un point de vue extérieur à l’occident. Le seul média par exemple issu des pays en développement, dont les propos ont été relayées par des médias français que nous avons consultés, a été Aujourd’hui Au Faso, le Burkina Faso étant lié à la France puisque colonisé par celle-ci dans le passé. Ainsi, en consultant la presse française, on constate qu'elle a essentiellement relayé les analyses issues des grands médias situés aux États Unis, en Angleterre, en Espagne, en Allemagne et en Belgique.

Sources :

- Courrier International

- Le Monde

- Wikipédia

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