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Journaliste : un métier qui peut être dangereux

 Le jeudi 30 mars 2023, l'équipe du Lycéen Déchaîné s'est rendue aux Assises du Journalisme, qui se déroulent chaque année à l'espace Mame à Tours. Nous avons notamment rencontré deux journalistes exilés, qui nous ont raconté leur histoire. 

Celle de l'un d'entre eux, Alhussein Sano, m'a particulièrement interpelée, et m'a fait prendre conscience que le métier de journaliste pouvait être aussi dangereux que fascinant.

Alhussein est journaliste, animateur TV, producteur et réalisateur de documentaires institutionnels et de fictions en Guinée, pays d'Afrique de l'Ouest. Celui qui était l'une des personnalités les plus connues de son pays dans le milieu de la télé a dû subitement quitter son pays natal, pour échapper à la censure et à l'emprisonnement

Revenons sur son histoire

 En 1996, Alhussein Sano termine ses études de journalisme, et décide de créer une agence de production qui s'appellera MAXI PLUS. Il met en place et anime une émission de télévision qui devient très populaire, où il reçoit de nombreux invités. Au fil des années, il grimpe les échelons et arrive à s'imposer sur le marché de l'audiovisuel, en devenant directeur des programmes de Maxi Plus.

Le contexte politique est alors tendu en Guinée. Lors des élections présidentielles de 2019, le président Alpha Condé veut se présenter une fois de plus, pour un 3ème mandat, tout en sachant que la constitution impose un mandat de 2 ans non renouvelable.

Il décide alors de changer la constitution à son avantage, mais comme vous pouvez vous en douter, cela a créé un mouvement de révolte au sein du pays.

Dans l'espoir de convaincre la population, le parti du président cherche à médiatiser son action, et fait appel à la chaîne d'Alhussein pour faire sa propagande, ce qui va à l'encontre des valeurs du journaliste. Bien évidemment, il refuse l'offre, mais le parti tente de le corrompre avec une forte somme d'argent, sans résultat. 

Photo : rédaction du Lycéen déchaîné
Alhussein Sano, Alberic de Gouville, président de la Maison des journalistes, et Abdesamad Aït Aïcha, journaliste marocain exilé.

Le recours à la violence contre la liberté d'expression

Tout d'abord Alhussein Sano subit des violences morales, qui consistent à le rétrograder et à modifier ses articles, jusqu'à les boycotter.

Ensuite, en 2021, le CNRD, groupe de militaires, organise un coup d'Etat et prend le pouvoir. Il est de plus en plus difficile pour les médias d'informer librement : la liberté d'expression est de plus en plus menacée. Un groupe de censure est mis en place par le régime au pouvoir, afin de visionner les émissions d'Alhussein, avant diffusion.

Allhussein Sano continue pourtant à louer son matériel au parti d'opposition, mais les menaces et les intimidations se multiplient. Cette fois-ci, il ne s’agit plus seulement de mises en garde, mais de menaces physiques. Un soir, il est suivi par deux motards, qui tirent sur lui à coups de fusil.

 « J’ai été arrêté deux fois, à la première, j’ai été emprisonné et j’ai réussi à m’enfuir. C’était en juin 2022. Un mois plus tard, après la première grande manifestation de juillet contre la junte. Le lendemain, on est revenu m’arrêter. J’ai une nouvelle fois réussi à m’enfuir et ai préféré quitter le pays avec ma famille. ».

Alhussein Sano est hébergé depuis décembre 2022 à la Maison des journalistes de Paris. Ce lieu d'accueil, unique au monde, offre un abri aux journalistes exilés, les accompagne entre autres dans leurs démarches administratives, et leur permet, grâce à un site web, de continuer à produire de l'information, en attendant d'obtenir leur statut de réfugié.

Sources : 

https://www.oeil-maisondesjournalistes.fr/2023/01/17/guinee-la-presse-au-front-contre-la-junte-militaire/

https://assises-journalisme.epjt.fr/interviews-la-maison-des-journalistes-est-a-mame-pour-promouvoir-la-liberte-de-la-presse

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